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18 juin 2008 3 18 /06 /juin /2008 22:48

Vie

Vie

 

 

L'herbe court sous mes doigts,

J'entends la mer vagir.

Chaque pulsion, infime poids

Qui s'entrechoquent et vont saisir

L'infini qui recouvre ma foi.

 

Je suis et je vis.

Je le sens et l'entends.

Je prends mon essor...

 

 

Sato

Le 6.11.07

 

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18 juin 2008 3 18 /06 /juin /2008 00:05



Mange…

Mange…

 

Mange…

Mange…

 

Mange…

Mange…

 

 

Regarde-nous, ce que nous sommes devenus.

Pleutres, perdus, au regard vague, à l’esprit incertain.

Et pourtant, les tours se dressent fières, convenues…

Que tu brises cette échine qui rechigne et qui s’éteint.

 

 

Sombre.

Tu n’es rien qu’un amas de poussières qui,

Les unes après les autres, sont montées en nombre

Pour narguer le ciel, dieu et l’infini.

 

 

Alors, pourquoi crier ? Pourquoi lutter ? Pourquoi te lamenter ?

Ce n’est que la vie, le juste retour de l’équilibre.

Perdu pour retrouver un peu de sa pitié

Qui nous fera recouvrer un peu d’humanité.

 

 

Mange…

Mange…

 

Mange…

Mange…

 

Etrange.

 

 

White Feather

- 17.06.08 -


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17 juin 2008 2 17 /06 /juin /2008 23:47


L’ogre gris se gausse.

Dressé depuis ses genoux d’acier,

Il nous regarde passer

Avec ses deux pieds dans la fosse.

 

Longtemps qu’il vit,

La crasse s’empile et le rouille.

Il n’a plus la trouille

D’être oublié : il dépérit.

 

Silence, corbeaux !

Laissez donc l’agonie de ce monstre…

Laissez donc vivre un peu encore ce monstre…

 

Silence, marauds !

Laissez donc filer ce temps…

Laissez donc mourir ces gens…

 

 

White Feather

- 17.06.08 -


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11 mars 2008 2 11 /03 /mars /2008 18:18

Ma tête est vide,
Ma prose est pleine,

Des douleurs de mes peines.


Les sentiments qui me déchirent
Toutes les nuits m'empoignent,

C'est la suave effluve du poison qui témoigne !


Le neuvième cercle apparaît,
Ailes de Démons, poussières d'Anges,

A présent, c'est le chaos qui naît.


Tourbillons, cris, guerres et haine ;
Passions, désirs, amour et peines ;

Dieu est à l'image de l'Homme...


Sato
Fait le 28.02.2006

 
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11 février 2008 1 11 /02 /février /2008 12:39

Requiem
- Le quai des Morts -

Tous regardent, tous attendent,
Illicites regards penchés vers demain,
Le grésillement qu'ils entendent
D'un calme faussement serein.
Dans la torpeur du soir,
Dans la stupeur du noir,
Tous ces gens différents ont un point commun :
Ils attendent la Mort, ils attendent le train !

Etrange chemin,
Stupéfiant destin,
Qui nous mène tous un jour
A ce voyage sans retour.
Tel un doucereux poison,
Le Temps s'écoule dans nos veines,
Détruisant le corps et la Raison,
Nous causant tant de peines.

C'est pour ça qu'ils sont là !
Qu'ils le sachent ou non,
Chacun d'eux portant sur son bras
La folie de leur nom :
Humain !
Leurs conditions deviennent leur croix,
La soumission, leur foi
Alors qu'au loin s'avance
Le train, la Mort et sa danse.

Danse Macabre que j'entends au loin,
Doucereuse et languissante chimère
M'instillant le sinistre besoin
De rejoindre ce cortège éphémère.



Sato
Fait le 23.07.2006.

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11 février 2008 1 11 /02 /février /2008 12:38
Styx.


Erre ! Âme en peine,
Sur les rives de ce fleuve
Où se déverse la haine
Et où les larmes pleuvent.

Perséphone, douce nymphe mortelle,
Rose noire enivrante,
Enchante ces landes éternelles
Et lie les morts à une prière repentante.

Un mot ôtera ma peine,
Une pensée arrêtera la mienne.
Perséphone, tu as ma vie entre tes mains
Et tu te joues de mon destin.

Ainsi j'erre comme une âme en peine,
Sur les rives de ce fleuve
Où se déverse ma haine,
Et où mes larmes pleuvent.



Sato
Fait le 12.03.2006
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4 février 2008 1 04 /02 /février /2008 13:29

A bien des égards, la folie est la mère de la sagesse. Comment comprendre notre inéfable paresse sans s'attarder sur l'outil de notre faiblesse.

Etablissons les faits, allongeons les cartes. Si de dire qu'une personne est folle serait avouer d'elle, qu'elle est sage. Ô combien serions-nous à nous repaître de nos ignorances ? Ô combien serions-nous à prétendre à un trône que nous haïrions ?
Nous avons soif de différences, et à travers cette différences, c'est l'unicité vers laquelle nous tendons. Oui, j'aime être différent, je suis fou ! Oui, je suis fou, regardez-moi !
Je ne suis pas comme vous ! Parquez-moi, enfermez-moi ! Mais jamais vous n'aurez ce qu'il fait de moi ce que je suis ! J'ama'is C'et lib'er'T qu'i e's't la miEn'nE ne m(e Sera re7iré !

Oui ! pourquoi writte en Franch ? Vous faites everybody la même chose ! Je suis different ! J'use autre thing. Je suis un original, I sort du common.

Alors où en sommes-nous ?
Pas assez loin ! Triturons-nous encore un peu plus la cervelle. Tentons de nous plonger un peu plus loin dans la folie, l'inconscient, le superflux et l'absurde.
Doucement, laissez-vous allez. Musique sur les oreilles ? Pensées sereines ? Gardez le premier et balayez le deuxième. L'utilité n'est pas de mise là où nous partons.
Maintenant, plongez en vous. Cherchez dans votre âme, dans votre conscience, dans votre corps gris qui s'agite dans votre boite cranienne.

Qu'est-ce qu'il fait que j'ai conscience d'où je suis actuellement ? l'ouïe ? la vue ? la relativité ? Oublions tout cela. Enfonçons nous dans l'inconscient... dans l'arborescence de nos désirs, et de notre profondeur. Pensons à une horloge qui hurle ses secondes. Des horloges qui vous entourent et vous sussurent tranquillement les minutes et le temps qui passe. Maintenant, c'est une vache qui passe devant vous. Elle vous regarde étrangement.
Sûrement qu'elle doit se demander ce qu'elle peut bien faire dans votre cerveau de décérébré. Là, se dirait-elle sûrement, vous êtes bien fou.

Mais enfonçons nous encore et encore.
Maintenant, il fait noir. L'obscurité nous entoure. Le néant presque palpable nous entoure et nous attire tout en nous repoussant. Maintenant, vous êtes tout et rien en même temps. S'oublier à toute chose, et s'enfoncer dans les tréfonds de notre imagination destabilisée. Des plumes tombent doucement. Les "tic tac" entêtant des horloges invisibles continuent à vous harceler. C'est cela qui vous rend fou. Maintenant vous courrez. Il vous faut fuir ces bruits. Ce mécanisme incessant qui vous empêche de tourner en rond dans le néant de votre esprit qui n'existe plus. Mais les bruits se faufillent entre vos doigts. Vous laissent des "tics" d'un côté, puis tournant la tête en même temps, c'est un "tac" qui vous surprend de l'autre côté. Mais quel côté ?
Il fait noir... le néant encore. De quel côté ? Où ?

TAC


Ici, vous l'avez entendu là !


TIC


Non, c'était bien l'autre côté ! Mais où l'autre côté.


TAC


En bas ! vous vous baissez...



TIC


Encore plus bas ! Vous creusez... pour l'atteindre. Pour le briser en mille morceau. Il faut le faire taire ou il vous fera devenir fou.
FOU !



TAC

Mais vous êtes fous... Vous rigolez nerveusement.
Où êtes-vous ?


TIC

Encore le noir. Vous tournez, encore... encore... vous tournez !



TAC


Puis vous tombez. Enfin, vous montez aussi... vous ne savez plus. L'horloge ne se tait pas. Toujours là. Dans votre oreille, dans votre tête.


TIC


Un cauchemar. Vous allez vous réveiller. VOus criez.


TAC


Encore un son. Encore une fois. VOus vous plaquez les mains sur les oreilles. PLus fort. Encore plus fort.


TIC


Vous vous prenez la tête. Noir. Sombre. Tomber.



TAC


Non ! Stop. Se réveiller. VOus gesticulez encore plus. Il faut sortir... Il faut...


TIC


Les cheveux s'arrachent. Vous tombez toujours. A genoux ? Accroupi ? Allonger ? Vous grattez avec vos mains.


TAC


VOs mains.... grattent encore... encore... où ?
Noir. SOmbre. Néant.


TIC


Horloge. Horloge. Horloge. Stop. PLus.


TAC


Non. Réveil. Encore. Noir.


TIC


Réveil. Sonnerie. Horloge. Horloge. Horloge.


TAC


Noir. Noir. Noir. Noir. Noir. Noir.


TIC


Gratter. Encore. Sombre. Nuit. Néant. Lourd. Tête. Réveil.


TAC


Stop. Stop. Stop. Stop. Stop. Stop. Stop. Stop.



Plus rien. Toujous ce noir. Toujours ce vide. Mais plus rien. Vous ne tombez plus. Mais vous êtes toujours là. Vous n'entendez plus d'horloge. Mais vous êtes toujours là. Où ?
Rêve ? Illusion ? Folie ?

Mais vous n'êtes pas fou. Vous ne pouvez pas l'être.
Alors vous vous réveillez. Sueur.

tictactictactictactictac...

Le réveil valse. Rire nerveux. Pas fou. Pas fou. Pas fou.
Il gît sur le mur d'en face. Un mur blanc. Mur blanc avec une trace noire là où l'horloge à percuter la surface plane. Il vous nargue. Impression qu'il est vivant. Qu'il pense. TicTac ? Tu ne dis plus rien !
Non... il me regarde toujours. Et il vous regarde aussi. Fixe. Immobile. Silence. Coincé...

Envi de sortir... envie de s'enfuir. Envi de crier. Envie de quelque chose qu'on n'arrive pas à saisir.
Pulsion qui remonte dans le ventre... pression. L'horloge n'aurait pas rebougé ? Le mur blanc vous obsède. Toujours rien pour accrocher son regard. On parcourt sans s'arrêter. Sans s'arrêter... sans s'arrêter. Trace noir. Horloge. Non !
Mur blanc. Obsède. Rien accrocher regard. Parcourt Arrêt. Sans... arrêt. Trace. Noir. Horloge. NOn !
Mur blanc. Rien. Regard. Arrêt. Trace. Horloge. Non !
Mur. Rien. Arrêt. Horloge. Non !
Mur. Arrête. Non !
Mur. Non !

Blanc. Toujours plus blanc. Envi de ressombrer. Néant. Noir besoin. Encore et toujours. Envi de repos. Que ça s'arrête. Que tout se taise. Non ! Pas se taise. Besoin de bruit ! Le silence pèse. Envie de sentir qu'on va bien. Que l'on est pas fou. Que l'on va sortir de cette pièce. Sans porte. Sans porte... sans porte !
Sortir !!!

VOus tambourinez sur le mur. Réveillé, vous l'êtes. Emprisonné, aussi.
Mal. Douleur. Vous êtes vivant. Alors, tout ça, c'est vrai...
Fou... vous êtes fou... Seul.... emprisonné...
Fou.

Ecroulé contre la paroi blanche et limpide. En sueur. L'horloge à côté de vous. Du repos. S'endormir.... à jamais. Stop. Que tout finisse... En finir.
Que jamais ça recommence. Se réveiller ? Encore ? Mais se réveiller de son rêve pour vouloir se réveiller encore... rêver qu'on se réveille et se réveiller alors qu'on rêve. Non. Cohérent. Fou.
Il faut sortir. Se réveiller. Mur. Blanc.

Sang. Mains. Mal. Douleur. Vivant. Coincé. Les murs blancs... l'horloge à vos côtés. TictacTictac. Son. Réveille. Eveille. Veille. Ile. E.


STOP.













































































































Doucement, émergeons. Les pensées nous reviennent. Doucement.
Alors que pensons-nous de tout cela ? Sommes-nous fous ? Sommes-nous parti un instant ? Ou tout cela n'était que notre tête ?
La différence est un gouffre. La folie nous réunit. N'est-il pas fou de lire tout cela ? De vivre. De croire. De vivre. De mourir.

Bonjour ! Comment allez-vous ?
Je vous souhaite un bon réveil. N'oubliez pas votre horloge, votre heure n'est pas encore venue...

 

 

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4 février 2008 1 04 /02 /février /2008 13:25

Corps et Diable.


J'ai le diable au corps ;
Je suis un dément ;
Détruisant mon âme sans tort,
Et l'esprit des simples gens.

Le cœur noir et le sourire malsain,
Les seuls cadeaux du triste prince
Des ténèbres, enfermé dans sa boîte d'airain,
Tel un faux dieu que l'on évince.

Le pouvoir m'a tué,
La haine m'a vengé ;
Accordant mon pardon aux déchus du monde

Souriant béatement,
A un démon étonnant
Qui brûlera et détruira ce monde.


Sato (14.06.07)

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4 février 2008 1 04 /02 /février /2008 13:17

In Memoriam

En mémoire du passé, de nos ancêtres.
De nos fautes et du futur qui nous guette,
Ces quelques pensées qui me jettent
Dans l'affliction la plus complète.

En mémoire de nos pères, de nos mères.
De toutes leurs folles et incessantes guerres,
Ces fleurs magnifiques et empoisonnées
Que nous ramassons et gardons à nos côtés.

En mémoire des Dieux et des Démons.
De toutes nos anciennes croyances et nos vieilles passions,
Choses mystiques élaborées sans aucune raison
Par notre esprit, en ultime trahison.

En mémoire de moi.
De toutes ces choses que je ne ferais pas,
Qui m'animent et me tirent
Vers les tréfonds des désirs.

En mémoire de toi.
A l'enfant mort-né dans tes bras,
Insigne d'un passé qui s'en va
De plus en plus loin de moi.

En mémoire de nous.
De notre histoire que n'avons pas vécu jusqu'au bout,
Passion fusionnelle que nous disions infinie
Et qui a pris fin prématurément ici.

 

 

 


Sato

 

 

 

 

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24 janvier 2008 4 24 /01 /janvier /2008 23:03

Eloge

 

 

 

 

 

Lève-toi, Ô inconnu !

 

Aujourd'hui, tu n'es plus. Perdu dans les limbes, perdu dans l'histoire de notre temps ; l'histoire de notre Terre. Un pas de plus qui t'a mené vers d'autres cieux. L'expérience de tout homme, l'expérience de toute femme, la peur de tout humain. L'âme et l'esprit se lèvent et s'envolent. Le corps reste, putride représentation d'une vie passée, aux yeux de tous. On ne t'oubliera pas, célèbre ami, je t'en fais le serment. La nuit, l'ombre et les tourments t'emportent déjà sur un cheval de ténèbres, mais la flamme qui gît encore dans notre triste corps restera lumière de ta survie. Alors que même les pierres s'érodent, même les mémoires s'étiolent, tu resteras à nos esprits. Poussière de notre Terre, poussière de notre vie, Ô inconnu, sombre dans l'oubli.

 

 

 

Aujourd'hui, tu n'es plus. Mais qui ETAIS-tu ? Simple homme, chevalier, empereur ? Président, soldat ou affamé ? Tu étais nous, représentant de l'homme sur terre, par Dieu, et pour lui-même. Fils de la Nature, du hasard et d'un indicible 'Autre', cette vie qui t'a été confiée t'es retirée à présent. Alors, l'usage veut que tu te présentes une dernière fois à nos yeux, piètre bonhomme souillé par le temps, accusé par le poids des années, le soucis et le temps qui passe. Te voici donc, ici, parmi tes semblables qui te regardent, qui te pleurent, qui t'envient. Si tu avais été des nôtres, tu aurais ris. Ris de toute cette mascarade plaisante et hypocrite. Un dernier hommage ! Tu es bien, là-haut, pourquoi serais-tu triste ? Pourquoi le sommes-nous sinon pour nous-même ?

 

Parce que tu n'es que poussière redevenu poussière. Parce que cette condition qui était la tienne, tu l'as redonné sans râler quand on te l'a reprise. Cette même condition qui n'obtient de valeur à nos yeux que lorsque nous la perdons ; Ou qu'un proche la perd. Mais tu ES. L'inconnu qui disparaît, l'illustre âme, célèbre ami. Cette humilité qui est la tienne, cet amour dont tu faisais preuve, tout cela te différencie de nous tous. De nous tous, vivants, pleutres, perdus… Ici, présents pour t'accrocher dans nos mémoires ; pour que tu nous accroches dans la tienne également. Nous avons tous peur de la mort, nous sommes effrayés par l'inconnu derrière l'abîme, trop attaché à cette vie illusoire et courte. Ce chemin qui tu as parcouru, et que tu parcours, nous ne saurons jamais réellement ce qu'il EST avant d'y avoir mis les deux pieds. Ces même deux pas qui nous horrifient tant ! Alors, nous louons ton courage, ta force, toi qui es passé de l'autre côté. Si tu nous entendais… C'est bien à toi pourtant, de louer notre courage, notre force, nos espoirs… Dans ce monde déchiré et débordé par les horreurs, dans ce monde d'injustice et de désespoir, dans ces tranchés de mondialisation et d'égoïsme. Ou, tu rirais encore ! Ce monde qui nous paraît si important, si précieux, si beau ! L'importance de ce don qui nous a été fait… cet acquis selon nous. Mais la Nature reprend chaque jour ses droits. D'acquis, nous n'avons rien si ce n'est la certitude de disparaître, nous aussi, un jour.

 

 

 

Aujourd'hui, tu n'es plus. Assoupi dans ce cercueil d'airain, ton dernier souffle semble encore flotter au dessus de nos têtes. Cette disparition que l'on va finalement oublier, au fur et à mesure, les jours, les mois, les années aidant. Tu es poussière, tu retourneras poussière. Inconnu tu étais, oublié tu deviendras. Mais tu étais humble, à la différence de beaucoup d'entre nous. La reconnaissance, la gloire, toutes ces choses philosophales qui représentent bien notre peur de ce passage ; ce passage que tu as accompli, sereinement, en souriant, te moquant de nous. Parce que tous autant que nous sommes, dévots, défenseurs des justes valeurs, libertaires, réactionnaire ou athées convaincus, nous finiront par laisser couler les mois, rassasiés par les jours qui passent, oublieux de ce qui nous entoure, désirant que le monde se rappelle à nous. Toi qui couche ici, représentant de l'éphémère devant l'Eternel, reste en nos âmes le symbole de la Vie, de la Mort, de notre condition d'Homme.

 

Mais tu nous poses les bonnes questions ! Qu'est-ce qui fait de nous des Hommes ? Qu'est-ce qui nous fait vivre, partager, créer, aimer, engendrer, alors que nous nous savons mourrant ? Pourquoi vis-je ? La vie est un don, un cadeau que nos propres parents ont voulu nous donner. Leur premier présent pour nous. Le deuxième, c'est leur amour. Un premier-né est Homme avant de savoir parler, marcher, réfléchir. Parce qu'il garde en lui ces deux présents qu'on lui a fait alors qu'il n'était rien, ou pas grand chose : la Vie et l'Amour. Ces deux récurrences qui font parties de nous, à jamais. Et toi, l'ami qui gît ici, tu les gardes, dans nos esprits et dans nos cœurs. Tu n'es plus tout à fait Homme, tu n'es plus tout à fait parmi nous ; mais tu gardes, même après la mort qui nous emporte tous, ces deux présents que tu partages encore aujourd'hui. La Vie et l'Amour… Et toi, Ô inconnu, tu avais foi en nous ! Tu avais foi en ces deux présents. L'Homme pouvait bien lutter contre lui-même, se détruire, voler son frère, violer sa sœur et tuer ses parents, tu étais sûr, qu'au final, l'Homme était bon. Oui, bon mais libre. Ce que personne n'ose comprendre. Tu le voyais bien au final, tous se retournait contre leurs Dieux et idoles, n'osant comprendre cette fatalité qui faisait de leur monde ce qu'ils en voulaient. Liberté, liberté chérie. Combien d'autres que toi ont combattu pour prévaloir ce droit ? L'histoire de l'Homme, l'histoire de sa lutte en ce monde…

 

 « Il n'est point de bonheur sans liberté, ni de liberté sans courage. » Ainsi parlait Périclès le Grec. D'il y a plus de deux milles ans, rien n'a changé. De courage, beaucoup avant nous, et toi aussi, en ont fait montre. Et pourtant, l'on ne se sent pas heureux ? Alors, regarde Compagnon ! ce que nous en avons fait de votre présent. Cela en valait-il le coup, pour voir les loups dévorés leurs congénères dans une lutte de pouvoir sans merci ? Ce courage qui était le votre, c'était au final votre liberté.  Cette même liberté qui vous a rendu heureux. Parce que OUI ! Vous deviez être heureux, malgré les horreurs, les guerres, les morts ; vous deviez être heureux de pouvoir lutter pour quelque chose… ce cadeau auquel vous croyez, et que vous souhaitiez nous voir porter. Oui, célèbre ami, ce bonheur là, tu le portais aussi. Tu le portais pour nous qui le piétinons maintenant, en osant également te regarder une dernière fois, en te portant cet hommage. Et comme disait feu M. de Montherlant : « La liberté existe toujours. Il suffit d'en payer le prix. » Alors, combien doit-on ? Ce prix, tu l'as payé en disparaissant, en combattant, en perdant tes proches, tes amis, tes amours. Sommes-nous prêt à payer le prix de notre liberté ? Tel que nous vois, ici présent, pas un seul de nous ne pourrait agir comme tu l'as fait. Pas un seul pour prétendre donner sa vie pour une juste cause. Pas un seul pour prétendre avoir le cœur sur la main. Pas un seul pour prétendre à une vie de misère et de souffrance afin de voir un lendemain plus beau. Pas un seul pour donner vie à la vie de nos enfants, petit-enfants et arrière petit-enfants. Pas un seul pour penser à demain, à l'avenir et non pas à notre propre avenir. Pas un seul pour comprendre, défendre, soutenir, supporter, assurer, préserver, aider, délivrer, animer, apprécier, charmer, aimer, chérir, choyer, notre terre. Et nous sommes pourtant là, à regarder les restes de ce que tu étais autrefois, inconnu. Soupirant sur ta tombe d'une vie qui ne nous sied plus guère, désillusionnés sur nos rêves auxquels nous ne croyons plus, refusant en quelque sorte ce don que tu nous as fait.

 

 

 

Entre ici, tonnait Malraux à l'adresse de Jean Moulin. Entre, toi aussi, le long de ce cortège d'ombres et de suie, de pleurs et de sang. Ton chemin s'achève, dans l'amertume et l'oubli. A se croire immortel, l'on oublie l'essentiel. Qu'en avons-nous fait, aujourd'hui ? Nous l'enterrons… avec toi. Puisse-t-il un jour ressurgir, et faire revivre nos vieilles croyances, faire exister nos vieux idéaux. C'est cette peur que nous sommes venus enfouir sous ce cercueil ; cette folie à laquelle tu t'es attaché à servir pendant toutes ces années. Ô célèbre inconnu, fuis cette terre misérable, fuis ces peuples exécrables, fuis nous. Par la reconnaissance que nous t'apportons aujourd'hui, c'est ton oubli que nous voulons assurer. Nous sauver des griffes de ce destin trop présent qui crie, hurle, que l'on se trouve entre ses mains. La peur s'étreint mais ne s'éteint pas. Nos pierres philosophales, quand à elles, se montrent et paradent. A travers notre présence ici, vois, Ô inconnu, cette attache que nous portons à notre enveloppe ; que nous portons à cette vie dont nous avons oublié de nom. Cette reconnaissance que l'on te doit pour nous dire : « enfin ! Nous n'avons plus peur maintenant ! »

 

 

 

Lève-toi, célèbre ami, et entre ici avec ton cortège de douleur, de violence et d'espoir. Cette liberté pour laquelle tu t'es battu, cette héritage que tu voulais nous voir porter s'enfuira avec toi. Déjà, la nuit t'appelle, enfante du ciel et du néant, et enveloppe ton esprit de brume et d'amour. Au loin, entends ces chants, ils rugissent pour toi, pour vous, êtres vivants d'ailleurs. Sur les rivages de cette terre, sur la nappe nimbée de lumière, traverse le temps de l'oubli. La présence d'un dieu n'est plus posée, personne pour t'accueillir, personne pour nous libérer : l'Homme est libre ; mais quand rien ne tourne rond, il cherche cette non-présence pour se rassurer. Alors, toi qui monte _même si plus rien ne doit avoir de sens pour toi_ regarde et dis-nous ! Dis-nous ce qu'il se passe. L'Homme a peur, l'Homme prend peur, l'Homme EST peur.

 

Et quand nous tournerons les talons, quand nous repartiront à nos petites vies, au-dessus de nous non pas l'ange de la miséricorde, mais bien toi, hautain et ironique, nous regardera. Cette présence, ce poids qui font que les années passant sont dures à vivre, qui font du remord une composante de notre vieillesse, qui font de ta mémoire la croix que nous portons ; cette présence, nous te la devrons. En mémoire de toi, célèbre ami, Ô inconnu, nous continuerons à vivre comme nous le faisons, à oublier, à supplier, à détruire. Ta mort est cet exemple de droiture et d'incompréhension qui nous fait nous murmurer : « C'était un saint homme, quelqu'un de bien ! Jamais au grand jamais, nous n'aurions pu faire comme lui !  » Et jamais au grand jamais, nous n'oserions nous dire que peut-être tu étais comme nous, un simple humain, un inconnu.

 

 

 

Lève-toi, ami ! Et va.

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