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21 janvier 2008 1 21 /01 /janvier /2008 19:44

L'homme se débattait. Son esprit le torturait. Sous l'emprise de ses émotions, de ses sentiments qui ne faisaient que l'emmener un peu plus loin sur le sentier de la folie et de l'insensibilité. C'est une barrière, une muraille qu'il s'érigerait lui-même afin de s'y enfermer, tout en voyant les beautés et les joies dont il se privait inconsciemment.
Une fois qu'il sera fini ce mur, il pourra enfin se débattre dans sa cage sans rien pouvoir faire d'autre que de se plaindre pour de bon.
Ceux ne sont que les meilleurs souvenirs qu'il a en tête ! Que le plus beau, que le plus heureux. Il s'érige son mur de beauté et de plaisir pour mieux trouver terne ce qui l'entoure et souffrir à moitié de ce dont il se prive.
Qu'est-ce qui lui faudrait de plus dans ces cas là ? Seul dans sa muraille, rien de mieux ?


Ecrire ! Ecrire, encore et toujours. Sur le mur qu'il s'est construit, sur chaque brique, des lettres, des mots ont été assemblés. Il n'oubliera pas comme ça ! Il pourra se souvenir de tout.
Son histoire qu'il écrit, luttant pour graver ses murs, il écrit pour lui. Pour se soulager, pour expulser toutes ses mauvaises pensées qui le font se sentir à l'étroit et triste entre ces murs.
C'est l'espoir qu'il bénit, qu'il maudit ; qu'il honore, qu'il diabolise ; qu'il aime, qu'il déteste.
Sa bulle, son rêve ; il y tient à son mur ! Ce qu'il a construit avec ses mains ; ce qu'il a érigé contre lui-même pour mieux être serein.
La paix intérieure qu'il a écrite sur sa muraille... celle dont il rêvait tant !


Le soleil ne perce que faiblement à travers la muraille. Quelques simples rayons de lumière passent et viennent se cogner contre le corps de l'homme. Une aube éternelle, ou plutôt le crépuscule pour le reste de l'éternité. Une sorte de douceur glacée qui ne fait qu'ensorceler le monde autour de lui sans en réchauffer une seule parcelle. Les murs gelés, le sol glacial ; et lui au milieu, trompé par ce triste rayon qui semble illuminer sa vie, créant espoir, joie, plaisir, bonheur...
Rien de tout cela finalement.
Il reste gelé, dans sa cage qu'il voit magnifique. Dans sa tour de cristal.


Mais il est des jours où l'homme se glace. Triste, morne et froid, son âme se perde et son esprit s'égare. Ses murs ne le contentent plus et il se perd à imaginer « ailleurs ». Un ailleurs inaccessible pour lui. Un ailleurs qui n'est que « l'extérieur ».
Finalement, il se rend compte que son mur n'est peut-être pas aussi beau, peut-être pas aussi solide...
Et il se recroqueville, se cache. Pleur jeune homme, âme perdue aux pensées fendues. Qui te sauvera de toi-même ? Qui pourra briser tes chaînes ? Qui pourra te faire sortir de ta tour ?
Il ne fait pas si bon vivre ici...


Mais la vie reprend son cours. Les pensées recouvrent son esprit dément et le font oublier. Il se repend. Regardes son mur, voit ce qu'il voulait. Il se repend. Il fait tellement bon ici !
C'est tellement beau !
Son mur reflétait de douces radiations qui se répercutaient tout du long de sa construction. Le sol était tiède, agréable. Il y faisait bon vivre. Il était chez lui ! Ici au moins, on le comprenait ; on ne le jugeait pas ! Ses soupirs n'étaient pas perdus et se répercutaient sur les surfaces polies et brillantes, créant une douce et lancinante mélopée. C'était beau, ça le berçait. Il priait pour y rester à jamais.
Taper contre les murs. C'est sa colère qu'il essaye de briser. Un sentiment de rage qui l'envahit et qui le rend aveugle. Il ne sent plus rien. Il tape, il frappe, il hurle ; il se déchaîne. Contre les dieux, contre les cieux, contre lui-même.
Une sensation d'impuissance qui le massacre et le détruit de l'intérieur.
Ravagé ! Il tape, frappe, cogne. Il hurle toujours. Le mur face à lui le nargue. Pas de fissure, pas de marque ; il est inébranlable, imperturbable face à la monstruosité, face à lui.
Rien ne bouge.
La colère le surmonte et le démonte.


Qu'est-ce qu'il voulait fuir ? Qu'avait-il espéré ? Derrière son mur... se croyait-il à l'abri ?
Non. Rien ne le protégeait de l'extérieur. Tout protégeait l'extérieur de lui. Il était en fin de compte enfermé, à la merci de tout et de tous !
Alors que pouvait-il bien faire ?
Se morfondre, se lamenter, pleurer sur son sort, sur ce que lui infligeait le Destin, sur ce que lui faisait subir les autres, sur l'hostilité de ce monde.
Personne ne voulait de lui. Ce n'était pas de sa faute... C'est eux qui l'avaient forcé à s'enfermer ici.


Et si son mur chantait ?
Quelle était cette mélodie qu'il entendait ?
Un doux murmure, un bruit profond et sourd. Pénétrant sa chair glacée, lacérant ses pensées.
Devenait-il fou ? Non ! Il entendait le mur ! Le mur lui parlait, c'était sûr ! Il tendait l'oreille pour écouter, pour tenter de percevoir ce qu'il voulait lui dire. Mais il n'y arrivait pas.
Il entendait quelque chose... mais il ne percevait que le son. Pas de paroles, rien de compréhensible. Que pouvait-il faire ?
Il écoute, ce mur, son mur doit vouloir lui dire quelque chose d'important !


Du vent ! De l'air ! Comme cela lui manque... Ce doux contact, ce mouvement dans ses cheveux. La fraîcheur qui vient l'envahir. Ici, tout est sec. Tout est chaud.
Mais de quoi rêve-t-il ?
Le vent ? L'air ? Qu'est-ce donc ?
Il ne connaît plus. Il ne connaît pas.
Ce sol rêche. Ce contact dur et douloureux !
Comment pouvait-il donc en vouloir ? Pourquoi le désirait-il autant ?
Non !
Il est bien sans vent, le vent n'est pas bon pour lui !
Il est bien à l'abri !

 

Il était assis par terre, au centre de son mur qui l'entourait. Prostré.
Il regardait sa main, la faisait tourner de droite à gauche, de haut en bas.
Il l'étudiait comme si elle ne faisait pas partie de lui, comme s'il la découvrait pour la première fois.
Il se mit à la tâter. Sentir ces sensations lui donnait l'impression de ne pas être endormi, de vivre un peu plus dans ce lieu glacé. Et s'il tirait la peau comme cela ? Souffrance !
Cette chose aussi lui faisait mal. Il la coupe.

Que ressentait-il ? Une douleur prenait la place d'une autre. Il voyait doucement une rivière vermillon couler de son bras amputé. La douleur était intense !
L'impression étrange que quelque chose s'échappait de lui, doucement. Il sentait la brûlure, la douleur se diffusait tout du long de son bras.
Puis, toujours alors qu'il regardait son bras, la douleur se tue. Pourtant, la blessure était toujours là. Il n'avait qu'une impression bizarre de distance.
Se pinçant l'autre main, il avait mal.
Son bras vivait, s'écoulait.


Etendu. Ses murs l'entourent.
Ils sont toujours présents, ils l'ont toujours été. Mais ne parlent-ils pas ? Ne peuvent-ils pas l'aider ?
Etendu, gisant, il souffre. Il souffle car il est seul.
Les murs sont là, sont ses amis, le soutiennent. Mais ils sont toujours froids, glaciaux, et le regardent sans bouger.
Il les hait, plus que tout au monde. Mais ceux sont les seuls présents, les seuls ici, avec lui.


La folie n'est qu'un part de l'homme. Le côté de la bête qui ne peut que l'emmener vers les tréfonds de sa noirceur et de ses pulsions.
Il gisait toujours, dans ses murs, dans sa protection qu'il avait construit avec précaution afin qu'il ne puisse jamais en sortir.
Son bras lui manquait. La douleur était toujours présente et lui rappelait à chaque instant que la folie de guettait.
Le sang se répandait encore et toujours, comme pour prolonger son supplice et sa peine.
Cela ne s'arrêtera jamais !


Couché par terre, l'homme gisait, inconscient. Il dormait. Des spasmes le prenaient par moment, preuves d'un sommeil agité et mauvais. Le long de son corps, toujours cette marre de sang qui grandissait ; un flot continu, pourpre, et qui ne se tarissait jamais. Rêvait-il ?
Des démons le pourchassaient, délaissant la douleur physique de son corps pour attaquer la mœlle de sa conscience. Le harcelant, l'homme ne trouvait plus de repos. Il avait peur de fermer les yeux, mais les ouvrir le hantait aussi.


Aucun plaisir. Aucun désir. Plus rien !
Le vide, le noir, le néant complet. Il était devenu l'ombre de lui-même. Un spectre portant ses habits, sentant son odeur. Un pantin a qui il ne restait plus rien. Pas même son âme !
Il l'avait vendu depuis longtemps pour essayer de se sauver. Il n'avait réussi qu'à se détruire encore plus ; à se vider pour de bon. Vivait-il encore ?
Oui, car il ressentait ! Sa douleur. Son bras. Son sang qui continuait toujours de s'échapper et recouvrir le sol de sa prison.



Un nouveau jour ? Une nouvelle nuit ? Depuis combien de temps était-il enfermé, cloîtré, prostré entre ces murs, dans ses murs ? Il ne savait plus.
Epuisé, il essayait de se traîner d'un bout à l'autre de l'espace qu'il avait. Il ne voulait pas devenir fou ! Il n'était pas fou ! Il devait résister. Encore un jour. Encore une nuit.
Mais qu'espérait-il ? Que cela se finisse un jour ? Qu'il soit libéré ?
Qui aurait pu le délivrer ? Et pourquoi ne l'aurait-il pas fait plus tôt ?


Allongé, les yeux plongés dans le ciel, il ne bougeait pas ; il ne bougeait plus.
De peur...
Peur de relancer les douleurs ; peur de retomber dans ses crises ; peur de perdre l'hallucination qui le maintenait encore un peu vivant entre ses murs.
Il scrutait. Il ne croyait plus à la délivrance. Il espérait. Espoir que quelqu'un entende sa prière, que quelque chose intercède en sa faveur et le délivre de sa folie.
Peut-être que dans le ciel existe quelque chose qui l'entendra et l'aidera...


Chaleur. Tout son corps bouillait. Toujours étendu par terre, il brûlait intérieurement. Des gouttes de sueur perlaient le long de son visage et venaient s'écraser lourdement sur le sol humide et taché de sang. Son bras le brûlait aussi.
Il se tournait dans tous les sens, cherchant avidement un peu de fraîcheur, un peu de vent. Mais rien n'y faisait. Il brûlait toujours.
S'il ne bougeait pas, il aurait moins chaud ; mais il ne pouvait pas s'arrêter.
La chaleur, la douleur.
Rien ne stopperait !


Sa dernière page ? Son dernier rêve ? Sa dernière pensée ? Que seront-ils ?
Au moment où son calvaire finira, qu'en sera-t-il de lui ? Les seuls moments soutenables étaient ses rêves éveillés.
Il rêvait de sa mort. Cauchemardait sur sa vie.
Regrettera-t-il ? Pensera-t-il a ce qu'il a laissé derrière lui ? Se souviendra-t-il de la raison de sa présence entre ses murs ? De quoi a donc été faite sa vie ?

Il se souvient de cauchemars, de sang...

Mais qu'était-il... avant ?








Sato
Fait le 24.05.2007

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18 janvier 2008 5 18 /01 /janvier /2008 00:15

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Le soleil baisse,
La ville nous délaisse.
Au-dessus de nos têtes,
Au-dessus de nos fêtes,
Un lourd et sombre couvercle
Recouvre les siècles,
Les cercles encastrés
Dans les sombres pensées

Des habitants humains
Qui rêvent du lendemain,
Du nouveau jour qui viendra
Alors que rien ne sera !

 

 

 

La fin des temps est venue.
Plus rien.
La vie, la mort, ont disparu.

Plus rien.

 

 

 

White Feather
- 18.01.08 -

 
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18 janvier 2008 5 18 /01 /janvier /2008 00:12

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Seul, transis. 

Au loin, les longues tours
Narguent la carcasse sans vie
Qui repose dans une cours.

 

 

 

Perdu dans les mémoires,
Oublié de tous,
Les débris de sa grande gloire
Traînent, cachés sous les pousses.

 

 

 

Il était loin, le temps
Où la vie représentait pour lui
Quelque chose.

 

 

 

Plus un seul moment,
Plus de calme, de beauté et de vie
Plus assez de dose...

 

 

 

White Feather
- 18.01.08 -

 
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17 janvier 2008 4 17 /01 /janvier /2008 19:47

Il y a bien des centaines de choses que je ne comprendrais jamais. Il y a bien des milliers de choses que je ne connaîtrais jamais.
P
ourtant, je dors. Je dors éveillé assis à ce bureau. Espérant un signe du Ciel, un mouvement du destin. Il est des choses contre lesquelles on ne pourrait lutter.

Que
deviennent nos rêves lorsqu'ils ne nous appartiennent plus ?
Q
ue deviendrait-on si l'on ne rêvait plus ?

Alors
de quoi est fait le monde ? De quoi est fait l'homme ?
Pou
ssière, chair, esprit, âme ? Image de mon prochain comme dessin d'un univers.
L
a terre est certes ronde, mais dans ma caboche, ça tourne pas rond.
La t
erre est certes molle, mais dans ma tête, y'a un truc qui cloche....

Je
rêve ! N'est-ce pas merveilleux ? N'est-ce pas miraculeux ? Et pourtant... il fait beau, les oiseaux chantent, le soleil éclatant... Il y a bien quelque chose de bancal par ici.
Pe
ut-être que j'ai la tête à l'envers... Peut-être que ceux sont les chinois qui sont au dessus de moi dans cette configuration sphérique.
Mais alors, Mon cerveau ne collerait simplement plus qu'à ce qui est, pour moi, le haut de mon cerveau... qui ne serait que le bas de cette terre.

Le bas
... le bas... C'est vite dit ! Parce que je reste petit. 1m75 ! Il y a bien des cerveaux plus bas, non ?
J'en c
oncluerais donc que si le ciel me tombe sur la tête, il ne me touchera jamais si je suis à côté d'un géant. Finalement, on a toujours besoin d'un plus grand que soi !

T
out ça me parait bien compliqué en fin de compte. C'est peut-être bien pour ça qu'on nous a loger cette matière grise dans le ciboulot ! Parce que sinon... à part avoir la grosse tête, je me demande bien à quoi ça peut nous servir.

Qui
? Quo ? Quae ? Quomodo ?

Ce
la ce bouscule, cela s'agite, cela fustige et cela fume... Finalement, la position couchée, ne serait-elle pas plus appropriée ? Tout dépend de quel côté va la lune... et de quel côté du globe nous sommes.
Fina
lement, si j'étais en haut, je resterais droit.
Finaleme
nt, si j'étais à droite, je me coucherais sur le ventre.
F
inalement si j'étais en bas, je ferais le poirier.
Fina
lement si j'étais à gauche, je me coucherais sur le dos.

M
ais le centre alors ? ça existe pas ?



Nucl--aire-doigt.jpg

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17 janvier 2008 4 17 /01 /janvier /2008 18:42
Squelette.jpg

Et oui, je reprends du service donc !

Si j'ai disparu de quelques endroits de la toile, c'était bien pour relancer ce petit projet que j'avais avec mon très cher 'hébergeur' . 

W.F. m'a gentiment contacter en me proposant de faire ce 'partenariat' d'écriture. Il se trouve que l'on a beaucoup discuté et qu'on s'est découvert pas mal de point commun =)
Donc, j'ai de suite accepté. Entre amateur, on se comprend.

Alors, on va repartir de zéro. Tout du moins, moi  =)
Remettre pas mal de choses que j'avais déjà publié mais en ajouter d'autres par la même occasion !
Et puis, sur certains écrit, W.F. m'a gentiment permis d'y mettre ma patte. Voyez donc ça comme un travail à deux.
4 mains pour un même blog.

Et puis, l'on verra bien où tout ceci nous mènera !
Mais j'ai déjà l'impression que je vais me plaire à parcourir un bout de chemin par ici... et puis, qui sait, le changement, ça a du bon, mais rester à un endroit pendant quelque temps ne peut pas faire de mal.
Du moins, je le crois.

Alors, un grand merci à mon fameux 'hébergeur' !
Et puis, laissons la plume nous guider. Plus sage, plus vrai... que de belles choses pour un petit bout de toile.


Votre serviteur,
Sato
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16 janvier 2008 3 16 /01 /janvier /2008 19:34
 
 
 

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Rouge, sang.
La mort attend.
D'un soleil noir et sans vie,
Ceux sont les rayons du paradis.

 

Du Paradis rouge, sang.
De la montagne qui s'étend
Au-delà des coeurs,
Au-delà des peurs.

 

Le Désert d'une sombre planète,
La solitude qui plombe nos têtes.
Rouge, sang...

 

White Feather
- 16.01.08 -

 
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16 janvier 2008 3 16 /01 /janvier /2008 19:30

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Un jour, une nuit,
L'obsolète cité luit.
Alors qu'au loin, l'océan vagit
Et tombe, tombe, tombe la pluie.

 

 

 

Le ciel s'obscurcit.
Le jour passe, c'est la nuit.
Au dessus de nos têtes sans vie,
L'orage chante, gronde, rugit.

 

 

 

Et soudain, c'est la pluie !
Bienfaitrice, porteuse de vie.
Mais dans les ruelles assombries,
L’existence a un prix...

 

 

 

White Feather.
- 16.01.08 -

 
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15 janvier 2008 2 15 /01 /janvier /2008 23:18

« Pour moi, la première de toutes les considérations, c'est celle d'un effet à produire. Ayant toujours en vue l'originalité (car il est traître envers lui-même, celui qui risque de se passer d'un moyen d'intérêt aussi évident et aussi facile), je me dis, avant tout: parmi les innombrables effets ou impressions que le cœur, l'intelligence ou, pour parler plus généralement, l'âme est susceptible de recevoir, quel est l'unique effet que je dois choisir dans le cas présent ? Ayant donc fait choix d'un sujet de roman et d'un effet, d'abord nouveau et ensuite vigoureux, je cherche s'il vaut mieux le mettre en lumière par les incidents ou par le ton, ou par des incidents vulgaires et un ton particulier, ou par des incidents singuliers et un ton ordinaire, ou par une égale singularité de ton et d'incidents; et puis je cherche autour de moi, ou plutôt en moi-même, les combinaisons d'événements ou de tons qui peuvent être les plus propres à créer l'effet en question. »

 

Philosophie de la composition,
Edgar Allan Poe

 
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15 janvier 2008 2 15 /01 /janvier /2008 13:11

Aujourd'hui ou demain ?

Dans la pesée de l'âme, la plume est le contrepoids du cœur qui doit être aussi léger qu'elle pour que le ka, l'âme du défunt, puisse accéder au monde des bienheureux.

Aujourd'hui, les Farc ont six personnes de plus en otage. La France vend du nucléaire civil  à l'Arabie Saoudite. En Afghanistan, terrorisme. Toujours les élections américaines qui prennent la place des attentats en Iraq. Combien de morts en Afrique, en Asie, en Europe ? Réforme de la constitution à Versailles. 63,8 millions habitants en France.
Mariage en secret de notre président avec LA Carla. De l'autre côté de l'Atlantique, Britney rate la justice.
Faim, guerres, trafics, politiques, peoples... la routine, quoi ! "What else ?"

Alors, demain ? 
Demain, on reprend les même et on recommence. Des nouvelles guerres, de nouveaux morts, de nouvelles tragédies côtoyant sur les papiers salis des journaux quotidiens la dernière cruche à la mode. L'horreur sur un fond de tendance chic, la guerre sur un fond de musique branchouille. Carla nous a montré ses seins, la Mort nous montrerait-elle ses fesses ?

Pourtant, tout n'est peut-être pas perdu... Aujourd'hui, c'est la saint Amaury, la saint Rémi et la saint Rachel. Aujourd'hui la science avance en survolant Mercure par sonde, et en faisant parler l'ADN du Néanderthal... Aujourd'hui, des hommes bâtissent des maisons, des écoles, reconstruisent des pays détruits. Mais qu'en sait-on ? Cela ne fait pas vendre ce foutu papier qu'on nous sert. Cela ne rassasie pas cette soif d'horreur qui est logé dans notre cœur.

Ce qui m'embête, c'est bien qu'aujourd'hui ressemble à demain. Parce que je me lève, je prends mon petit déj', je pars au taff pour rentrer chez moi le soir, m'assoupissant devant la télé parce que j'en ai trop fait, trop vu. Ou parce que je veux que demain arrive plus vite qu'aujourd'hui ne se termine. 

Dans la pesée de l'âme, la plume est le contrepoids du cœur qui doit être aussi léger qu'elle pour que le ka, l'âme du défunt, puisse accéder au monde des bienheureux.
Alors, combien nos vies peuvent-elles pesées dans la balance ?
Parce qu'au final, le monde des bienheureux, ça nous parle tous... et que même une fois mort, on aimerait bien _sans y croire pour autant_ goûter au bonheur qu'on cherchait ici bas.

Mais la vie "ici bas" (comme dit l'autre !), c'est super ! Qu'est-ce qu'il crache dessus ?!
Ce qui est super, c'est pas la Vie, c'est votre monde 'fabriqué-maison' [copyright : Aldous Huxley], le cocon qui vous englobe et vous berce d'illusions. Qu'il y fait bon vivre en effet. C'est agréable, c'est doux, c'est chaud, on y est bien. La nature ? C'est quoi, ça ?!
Pourtant, c'est la lune au dessus de toi, c'est bien les étoiles qui brillent et qui éclairent ta nuit. Ce qu'on a oublié, c'est bien qu'on était humain avant d'être sociable. Qu'on était terrien avant d'être français. Fait de chair et de sang avant d'être employé. Les luminaires de la ville éclairent et éblouissent, empêchent de voir au delà de l'espace clos de notre société. 
On est revenu à la conception des Romains. Notre terre, elle est plate. Au delà des bâtiments, des lampadaires, plus rien, le néant, le vide. 
Alors, bien sûr qu'on a peur ! Et il n'en sera pas autrement.

Aujourd'hui et demain...  une éternité.

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